Guillemets et ponctuation : comment bien les utiliser ensemble ?

EDITEONLINE-Article-technique-guillemets-ponctuation

Résumé

Cet article aborde l'utilisation des guillemets et de la ponctuation dans l'édition, en expliquant les différentes règles pour les associer correctement.

  1. La citation est un fragment de phrase intégré dans une autre phrase ;
  2. La citation est phrase complète avec sa propre ponctuation finale ; 
  3. La citation est composée d'un fragment de phrase et d'une phrase complète ;
  4. La citation complète introduite par un deux-points. 

Cet article donne des exemples pour illustrer chaque cas, permettant de mieux comprendre comment appliquer ces règles dans leur écriture.

Guillemets et ponctuation : un ballet des plus délicats

Quatre signes de ponctuation peuvent marquer la fin d’une phrase : le point final, les points d’interrogation et d’exclamation, et les points de suspension. Vous avez peut-être parfois des difficultés pour savoir si vous devez les placer avant ou après les guillemets fermants d’une citation ou de la fin d’un dialogue. La règle est assez délicate, car de multiples cas existent. Nous allons les récapituler ensemble !

Cas 1 : le fragment de phrase intégré à une autre phrase 

C’est le cas le plus simple ! Un fragment de citation, placé entre guillemets dans une phrase principale, ne constitue pas une phrase entière, il n’a donc pas de ponctuation finale. Ainsi, la phrase principale garde sa ponctuation comme s’il n’y avait pas de citation.

  • Ils habitaient dans une sorte de « château ».
  • Dans son article, la journaliste parle d’un « incendie extrêmement violent ».
  • Que voulait-elle dire par « un léger malentendu » ?
  • Jamais je n’aurais pensé que c’était aujourd’hui le moment des « occasions à ne pas rater » !

Cas 2 : la phrase complète intégrée à une autre phrase

Quand la citation n’est plus un fragment, mais une phrase complète, avec sa propre ponctuation finale, que faire ? Simple : cela dépend de la nature de cette ponctuation.

La phrase citée possède un point final

Dans ce cas, la phrase citée perd ce point final (et débute par une minuscule). La phrase principale, elle, conserve sa ponctuation finale.
Intégrer la phrase : La vie est un long fleuve tranquille.

  • Que pensez-vous de l’affirmation selon laquelle « la vie est un long fleuve tranquille » ?

Intégrer la phrase : Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.

  • Je n’apprécie pas trop le proverbe qui dit que « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ».

Intégrer la phrase : Demain est un autre jour.

  • La phrase de Scarlett O’Hara dans Autant en emporte le vent, « Demain est un autre jour », est l’une de mes citations favorites.

La phrase citée se termine par un point d’interrogation ou d’exclamation, ou des points de suspension

La citation garde le signe de ponctuation qu’elle possède. La phrase principale conserve elle aussi sa ponctuation finale :

Intégrer la phrase : Es-tu prêt à partir ?

  • Il m’a posé la question « es-tu prêt à partir ? ».
  • T’a-t-il vraiment posé la question « es-tu prêt à partir ? » ?

Intégrer l’interjection : Au secours !

  • Qui a crié « au secours ! » ?

La citation est composée d’un fragment de phrase et d’une phrase complète

Les avis divergent selon les sources.
Je prendrais ici pour référence une valeur sûre : le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale. Il y est stipulé que si la citation est composée de deux phrases dont l’une est incomplète, le signe de ponctuation final de la deuxième phrase se place après les guillemets fermants. C’est aussi l’avis d’un autre site de référence : la Vitrine linguistique de l’Office québécois de la langue française.
Voici trois exemples issus de contextes différents.

Intégrer la phrase : (…) il faut écrire régulièrement. C’est la clé de la réussite.

  • Stephen King écrit que pour être écrivain, « il faut écrire régulièrement. C’est la clé de la réussite ».
Intégrer la phrase : (…) baguettes de tambour. Il userait un pot de pommade tous les matins si on lui en donnait.

  • Mme Lepic compare les cheveux de Poil de Carotte à des « baguettes de tambour. Il userait un pot de pommade tous les matins si on lui en donnait ».
Intégrer la phrase : (…) réexaminer le projet. C’est ce qu’indique l’étude de faisabilité.

  • Il importe, selon elle, de « réexaminer le projet. C’est ce qu’indique l’étude de faisabilité ».

Cas 3 : la phrase complète introduite par un deux-points

En tant qu’auteur, vous avez la possibilité de choisir de citer une phrase complète en l’introduisant par un deux-points.
Par exemple vous pouvez écrire :

  • Sartre disait que « l’existence précède l’essence».

ou

  • Sartre disait : «L’existence précède l’essence.»


Le sens est rigoureusement identique et les deux phrases sont syntaxiquement correctes. Dans le premier cas, la citation est intégrée à la phrase, dans le second ce n’est pas le cas. Dans certaines situations, l’un ou l’autre des cas convient mieux au rythme de la phrase ou simplement à votre style. À vous de choisir !
L’important est de respecter les règles de typographie de chacun des deux cas.

Dans tous les cas, une citation complète introduite par un deux-points commence toujours par une majuscule. C’est déjà un premier point important !
Pour la ponctuation, les situations diffèrent selon l’emplacement de la citation.

La phrase citée est en milieu de phrase

Si elle est placée au milieu de la phrase, la citation perd son point final, mais elle conserve tout autre signe de ponctuation.

  • Elle m’a lancé : « On se voit ce soir », a souri puis a claqué la porte.
  • Il a crié : « Tu ne m’auras pas ! » avant de détaler comme un lapin.
  • J’ai entendu : « Comment ça va ? », je me suis retourné, il était là.

La phrase citée est en fin de phrase

Si la citation est placée en fin de phrase, elle conserve son signe de ponctuation final, et la phrase principale perd son point final. C’est probablement une situation que vous rencontrerez souvent, donc retenez bien ce point (c’est une erreur que je rencontre fréquemment dans mes corrections).

  • Elle lui demanda : « Tu crois vraiment qu’il y aura de l’orage ce soir ? »
  • Elle m’a prévenu : « Il y a aura de l’orage ce soir. »
  • Elle a crié : « Il y aura de l’orage ce soir ! »

Si c’est la phrase principale qui se termine par un point d’exclamation ou un point d’interrogation, la citation perd son point final :
  • Est-ce que vous avez vraiment dit : « Je n’ai rien à déclarer » ?
  • Et là, j’ai entendu distinctement : « Je m’en fiche complètement » !

Le point d’exclamation et le point d’interrogation sont en concurrence

Il arrive que le point d’exclamation et le point d’interrogation entrent en concurrence.
Dans ce cas on ne garde qu’un des deux signes. En général, c’est la ponctuation de la citation qui l’emporte.

  • Pourquoi m’as-tu posé la question : « Crois-tu qu’il y aura de l’orage ce soir ? »
On peut aussi choisir entre les deux signes celui qui lui paraît le plus important :
  • Qui a crié : « Au secours ! »
  • Qui a crié : « Au secours » ?

Cas 4 : la citation interrompue par une incise

On peut également citer une phrase complète en ajoutant une incise courte entre deux virgules à l’intérieur de la citation.

  • « De combien de temps disposons-nous, interrompit le sergent, pour atteindre le bunker ? »

SI l’incise est plus longue, mieux vaut la sortir de la citation. Les virgules qui l’encadrent se placent alors à l’extérieur des guillemets :

  • « De combien de temps disposons-nous », interrompit brutalement le sergent qui avait les yeux hagards, « pour atteindre le bunker ? »


Si l’incise est en fin de phrase, la citation perd logiquement son point final, mais conserve tout autre signe de ponctuation.

  • « On se reverra », a-t-il déclaré.
  • « Pourquoi es-tu parti ? » demanda-t-elle.


Pour récapituler, examinez-bien ces différents cas pour choisir celui dans lequel vous vous trouvez afin de ne pas faire d’impair sur cette délicate question.

Article écrit par Frédéric Renversez, relecteur-correcteur certifié

Me trouver sur la marketplace

Editeonline-Frédéric-Renversez